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«Dans de petites structures on se sent en confiance»

«Dans de petites structures on se sent en confiance»

Entretien avec Stéphanie Melkebeke, chargée du projet primo-arrivants chez ACTIRIS

Avez-vous pour le moment un accompagnement spécifique qui vise les migrants ?

En 2015, suite à la crise migratoire, ACTIRIS s’est rendu compte des difficultés inhérentes aux primo-arrivants qui tentent de s’insérer sur le marché de l’emploi bruxellois. Cette prise de conscience a engendré une réflexion autour de ce public spécifique. La réflexion en interne a été menée en même temps sur deux niveaux, celui du public cible mais aussi celui des employeurs. Pour permettre à des primo-arrivants de s’insérer sur le marché de l’emploi, il faut qu’il y ait des « solutions » – des offres de formations, de stages en alternance et des emplois. Ces «solutions », ACTIRIS va les chercher notamment du côté du monde des entreprises.

Un des premiers chantiers a été de définir ce que sont les primo-arrivants. Il n’y avait pas de consensus jusqu’ici au niveau régional. Pour inclure une plus grande partie du public-cible et ainsi mieux répondre aux enjeux de l’emploi, la volonté a été d’élargir la notion de primo-arrivants basée notamment sur le critère de durée sur le territoire, en le faisant passer de 3 à 5 ans. Trois ans, c’est vite passé et trop limité quand on sait que certains demandeurs d’asile obtiennent la protection internationale en Belgique au bout de cette même durée…

Est-ce qu’ACTIRIS est conscient des étapes préliminaires nécessaires pour le public des primo-arrivants en vue de sa recherche d’emploi ?

Nous sommes mandatés par le Ministre GOSUIN pour aider ce public plus éloigné de l’emploi et, en ce sens, nous allons bientôt engager cinq conseillers emplois chargés de faire un accompagnement spécifique. En même temps, nous savons que pour bien accompagner ce public, nous devons partir de leurs besoins et être en mesure de proposer un accompagnement holistique et qualitatif qui puisse répondre à leurs attentes : équivalences de diplômes, valorisation de l’expérience, accès à la langue, coaching, connaissance du monde professionnel, aide pour trouver un logement, aide en santé mentale…

Comment voyez-vous la plus-value d’une collaboration entre Actiris et un acteur de terrain comme Convivial ?

Nous pensons que cette collaboration est un élément indispensable. Nos partenaires du monde associatif ont la méthodologie, l’expertise, le temps nécessaire (comparé à des conseillers emplois qui ont une contrainte quantitative en termes de dossiers à suivre) et la pédagogie pour mener à bien ce travail d’accompagnement global absolument nécessaire.

Par ailleurs, nous sommes conscients qu’il existe des obstacles à surmonter avant que les primo-arrivants se sentent en confiance dans une institution comme ACTIRIS. Certains nous confondent avec le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) ou l’Office des étrangers ou se méfient des informations transmises d’une institution à l’autre. Nous recevons les demandeurs d’emplois dans des openspace, certes très confortables mais peu propices à la mise en confiance. Dans des petites structures comme Convivial, il y a un environnement qui permet de se sentir en confiance, un fil conducteur, un contexte beaucoup moins administratif, moins formel et donc plus humain.

Nous souhaitons valoriser le travail des acteurs de terrains. A l’avenir, nous souhaitons intensifier ces collaborations pour proposer un accompagnement de qualité répondant aux besoins de ce public spécifique, continuer à établir des protocoles de collaboration avec d’autres acteurs de terrain comme Convivial voire en détachant nos conseillers emplois pour qu’ils fassent leurs permanences sur le terrain au plus près du public-cible.

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